Tribune de femme

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Mourir en couche, un drame silencieux et révoltant

Des femmes continuent de perdre la vie au moment où elles en donnent, au Burkina Faso. Autrement dit, des femmes meurent et continuent de mourir au cours de l’accouchement. Et, très souvent, sous le regard impuissant, peut-être même négligeant, des agents de santé. En effet, les chiffres sur la situation de la mortalité maternelle, même s’ils ne sont pas exacts, selon un responsable du service de la maternité du Centre hospitalier Sourô Sanou (CHUSS) sont alarmants.

Il s’agit, à en croire ses propos, de chiffres relativement plus élevés parce que toutes les complications obstétricales sont drainées vers le CHUSS. Toutefois, avant les années 2010, au plan national, les chiffres étaient de l’ordre de 400 décès maternels pour 100 000 naissances par an. Des chiffres que toute personne avertie en matière de santé maternelle trouve relativement élevé même si les dernières enquêtes ont tendance à les ramener à 370 décès pour 100 000 naissances. Un taux qui reste toujours élevé par rapport aux taux en Europe, selon le responsable de la maternité.

Au vu et à l’analyse de cette situation, les premières interrogations qui viennent à l’esprit sont : pourquoi des femmes continuent-elles de mourir lorsqu’elles donnent la vie ? Pourquoi la mortalité maternelle est-elle persistante ? Qu’est-ce que ne va pas exactement ? Que faire pour palier à ce drame silencieux et révoltant ? Et le spécialiste de la question, de fustiger les médias en ces termes : « Si un avion s’écrase aujourd’hui, l’évènement sera beaucoup plus médiatisé alors que chaque jour, il y a plus de 180 femmes qui meurent du fait de grossesses ou d’accouchements ».

C’est donc un silence radio que l’on constate sur la question, comme si, dit-il, « cela n’était pas une préoccupation majeure  ». Alors que ce drame silencieux et revolant, a tendance à prendre des proportions inquiétantes au pays des hommes intègres. A la mortalité maternelle, s’ajoute celle infantile, où, plus de quatre millions de nouveau-nés meurent chaque année dans le monde, du fait de complications de grossesses ou d’accouchements difficiles. Ces chiffres, qui parlent d’eux-mêmes sont véritablement scandaleux. Par exemple 15 % des grossesses ayant été suivies régulièrement au niveau des consultations prénatales (CPN) présentent des risques de complications. Trois causes expliquent alors ces soutenues mortalités maternelles : il s’agit de l’hémorragie (saignement), de la septicémie (les infections), et de la pré-éclampsie (poussées d’hypertensions artérielles). Il y a donc de grandes actions que les pouvoirs publics doivent mener en direction des populations pour tenter, autant que faire ce peut, de ramener ce phénomène à des proportions assez raisonnables, à défaut de l’éradiquer. Afin que la femme ne perde plus la vie en voulant la donner.

Bassératou KINDO



04/09/2013
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