Le phénomène grandissant des grossesses non-désirées
Le bébé au dos avec les larmes pleins aux yeux Madina était arrêtée aux a bords de la chaussée, dans un des quartiers de Bobo-Dioulasso, avec l’espoir d’être remorquée par une bonne volonté. Elle se rendait dans un des services de l’Action sociale et de la solidarité nationale.
Pourquoi alors ? « Je regrette d’avoir gardé cette grossesse. Lorsque je me suis rendue compte que je suis enceinte, j’ai voulu avorter. Mais l’auteur m’a rassuré qu’il s’en occuperait. Malheureusement, depuis que j’ai accouché il y a trois mois, il n’a donné que 10 000 FCFA pour l’achat de lait, car je n’arrive pas à assurer l’allaitement maternel. Nos besoins lui sont indifférents. Il ne vient même plus voir l’enfant. J’en suis très peinée. Après maintes réflexions, je me suis dit que seule l’Action sociale pourrait lui faire entendre raison tant soit peu », raconte la jeune dame visiblement très abattue.
Se rendait-elle ainsi à l’Action sociale pour convoquer celui, qu’elle a pourtant tant aimé et dont elle porte le fruit de leur amour au dos ? Déjà mère d’un enfant d’environ 10 ans d’un autre père, nombre de questionnements taraudent aujourd’hui son esprit. Entre regrets, amertume et désespoir, elle ne sait plus à quel saint se vouer, voyant sa vie, une fois de plus, en train de basculer.
Comme Madina, il est évident que beaucoup de jeunes-dames traversent ou vivent ce même calvaire de grossessesnon désirées. En effet, il y a moins de deux semaines dans la capitale du Burkina, une jeune fille s’immolait pour des raisons de non-reconnaissance de la paternité de sa grossesse.
Nafi Koudougou, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, âgée d’une vingtaine d’années, n’a trouvé autre solution que de mettre fin à son existence. Une solution fatale face à une situation qui, aujourd’hui n’est plus qu’un épiphénomène. La question qui se pose reste à savoir si les nombreuses actions de sensibilisations, d’éveil de conscience, de formations, etc., ont véritablement un impact sur les personnes les plus concernées ?
« Mon corps, mon droit », est une campagne lancée par Amnesty international-Burkina, qui vise à vulgariser toute information sur les droits sexuels et reproductifs après le constat que des femmes et des hommes sont jusqu’à présent contraints à avoir des enfants. Mais à qui donc peut-on imputer la faute ? Aux femmes ? Aux parents qui n’arrivent pas à jouer convenablement leur rôle d’éducateurs ? Aux hommes parfois irresponsables de leurs actes ? Ou tout simplement, à la société toute entière ? En attendant qu’on y trouve des réponses les dindons de la farce restent encore et toujours les femmes. C’est simplement triste et révoltant !
Bassératou KINDO
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