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Greffiers en grève : Quand l’injustice dort au palais de justice

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Double tristesse. C’est en effet le constat qu’n pouvait faire au sein de la famille judiciaire burkinabé ce lundi 9 juin 2014. Il s’agit bien entendu de l’inhumation du juge Salifou Nébié et de la grève (du 9 au 13 juin) des greffiers pour dénoncer l’indifférence du gouvernement quant à l’application de la loi 054 portant statut particulier du corps du personnel des greffes

Lundi 9 juin. Il est 9 heures devant le palais de justice de Bobo-Dioulasso. Au mur est accrochée une banderole sur laquelle on peut lire : « Syndicat des agents de la justice (SYNAJ)-Syndicat des greffiers du Burkina (SGB)- Nous sommes en grève. Non à l’injustice à la justice ». A l’intérieur, les services fonctionnent « bon an mal an ». Pas d’audience correctionnelle au Tribunal de grande instance, encore moins à la Cour d’appel. Les portes du greffe sont tout simplement fermées. Aux justiciables venus certainement pour des besoins judiciaires un magistrat leur dira ceci : « Revenez la semaine prochaine. Les greffiers sont en grève ». Jusqu’au vendredi 13 juin, les justiciables seront donc privés des services des greffes. Parce que, pour eux, le gouvernement tarde à mettre en application la loi 054 portant statut particulier des greffiers.

Réunis à la bourse du travail de Bobo-Dioulasso, les greffiers sont plus que déterminés à poursuivre la lutte. Et maître Jean-Michel Somé, délégué syndical d’expliquer clairement que « cette grève est consécutive à la non-application de la loi 054 du 18 décembre 2012. Depuis que la loi a été votée, le décret d’application souffre. Malgré les multiples mouvements, le gouvernant reste muet à nos revendications ». « C’est pourquoi nous avons décidé de durcir le ton à travers cette grève qui durera cinq jours, soit du 9 au 13 juin », renchérit-t-il. Ladite loi, selon le délégué syndical, trouve son fondement dans la Constitution adoptée depuis 1991. Mais, elle ne sera finalement votée qu’en décembre 2012, soit 21 ans après. Et ses décrets d’application souffrent à être pris par le gouvernement.

Le service de la justice est au ralenti

Les conséquences néfastes de ces mouvements sont évidentes sur le fonctionnement de l’administration judiciaire. Le service des greffes étant un maillon très important dans la structuration judiciaire. « Telle une chaîne, quand un maillon manque, le fonctionnement est naturellement défectueux », explique M. Somé qui demande aux justiciables, qui vont sans doute subir des préjudices, que ce n’est pas de leur faute. « C’est le gouvernement qui refuse de satisfaire nos doléances, d’où cette prise de position pour l’interpeller. Que la population comprenne ces raisons légitimes et légales », dit-il. Déterminés, les greffiers n’entendent pas arrêter ces mouvements jusqu’à la satisfaction de leur revendication. Ils promettent de poursuivre la lutte, même s’ils doivent en arriver à une grève illimitée. En ce sens que, rappelle Maître Somé : « Nous avons entrepris le dialogue, mais lorsque vous dialoguez avec une personne qui feint de ne pas comprendre ce que vous voulez, il faut passer à une vitesse supérieure ». Et de conclure que « nous pensons aujourd’hui que nous sommes plus ou moins méprisés. Pour cela, nous allons durcir le ton jusqu’à ce que la loi soit totalement et entièrement appliquée ».

Bassératou KINDO

 



10/06/2014
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