Tribune de femme

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Bobo-Dioulasso : Des hommes vendeurs de galettes

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La préparation et la vente des galettes, activités autrement réservées aux femmes semblent révolues. Depuis un an presque, deux hommes, Aboubacar et Yao, mènent ces activités sous le regard quelque fois choquant et ahuri de leurs semblables. Rencontre!

 

Il était 16 heures ce mardi 8 juillet 2014 devant la direction régionale de la Loterie nationale du Burkina (LONAB) de la ville de Sya. Près des feux tricolores est installée une petite unité de vente des galettes. Deux jeunes hommes font parties des femmes qui grillent ces galettes. Ce sont Aboubacar Ouédraogo et Stéphane Mohamed Yao, âgés respectivement entre 23 et 27 ans. Une activité de femmes que ces hommes mènent avec fierté et sans déshonneur car pour eux, il n'y a pas de sot métier. De plus, ce n'est pas la recherche du gain qui les y a conduits. Ces deux jeunes aident tout simplement, celles qu'ils appellent leur maman à faire prospérer la petite entreprise familiale. En contrepartie, confie Aboubacar Ouédraogo : «Elle nous aide financièrement».

Les clients et les usagers de cette voie ont commencé par s'habituer. «Au début, beaucoup s'approchaient pour nous poser pas mal de questions. Ils étaient étonnés de voir des hommes griller des galettes. Ils nous demandaient d'où nous venions? Si nous étions des burkinabé?», explique Aboubacar. La réponse est toute simple pour les jeunes. «Nous aimons ce que nous faisons. Nous voudrions aider notre mère. Nous voulons aussi montrer qu'autant la femme peut exercer une activité d'homme, autant le contraire est possible», dit-il. Et d'ajouter que: «Il n'y a pas de honte. D'ailleurs, la honte n'a jamais servi l'homme. Il faut savoir faire quelque chose avec ses dix doigts sans rien attendre». Aboubacar Ouédraogo pense aussi que cette audace et sa désinvolture à mener cette activité peut s'expliquer par sa culture ivoirienne. Né et grandi en Côte-d'Ivoire, il a confié avoir mené nombres d'activités souvent considérées de femmes. Il pilait par exemple le foutou et le placari dans un restaurant. Lui qui estime que les ivoiriens sont souvent plus à l'aise et sans complexe, il dit avoir appris la grillade des galettes avec sa mère. L'affluence est, cependant, loin des plus moroses en cette période de soudure. Les galettes de Sana Maimounata, du nom de leur maman, ne suffit guère à Bobo-Dioulasso. Au mois de carême, elle a ajouté 2 moules métalliques aux 5 autres et vend par jour deux sacs de petits mil.

Quel avenir dans la vente de galettes pour un homme?

Mohamed Stéphane Yao, peu bavard, continue ses études en Transit dans une école professionnelle à Bobo-Dioulasso. Après les cours, il se rend au lieu de la grillade pour vendre. Comme Aboubacar, il ne voit pas son avenir dans cette activité. D'où la poursuite de ses études. Aboubacar compte repartir en Côte-d'Ivoire après le Ramadam. «Je vais retourner en Côte-d'Ivoire pour aider mon père dans la vente des véhicules d'occasion. Je ne vois pas mon avenir dans cette activité. Je le fais pour le moment parce que je n'ai pas d'emploi», dit-il. Tous les deux souhaitent construire une vie meilleure. Ils y croient de même que leur maman qui se dit très fière de ces garçons.

Bassératou KINDO



13/07/2014
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