Tribune de femme

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Tribune de la femme : Nadège Bittou, réalisatrice congolaise, « Donnez les moyens aux femmes, elles s’exprimeront »

 

Paresseuse quand elle n’est pas occupée par le travail, Nadège est une des femmes congolaises qui aime la vie. Passionnée de cinéma et journaliste-communicatrice de formation, elle est persuadée que la femme peut réaliser des prouesses quand on lui donne l’occasion. Rencontre avec une icône du cinéma congolais.

 

 

Elle a dans l’âme l’art du cinéma. Jeune femme amorçant la trentaine, elle était l’une des invitées spéciales du festival Ciné droit libre tenu à Ouagadougou en juillet dernier. A voir Nadège, l’impression d’une fille dynamique et aisée saute à l’œil. Née à Pointe Noire, la capitale économique du Congo, c’est là-bas qu’elle effectua ses études. Après l’obtention d’un bac littéraire, elle ne pourra pas continuer ses études supérieures. La raison : un manque de soutien familial qu’elle n’a pas voulu aborder. Le journalisme, elle l’apprendra sur le tas à la première chaîne privée de télévision de son pays : Télé pour tous (TPT), pendant quatre ans. Aguerrie, elle ira à Brazzaville, la capitale politique ou elle intègre la télévision DRTV.

 

Perfectionniste et toujours en quête de défis nouveaux, elle a fini par ne plus se contenter des seules exigences de la DRTV. Nadège voulait ajouter d’autres cordes à son arc. Elle démissionne une fois de plus et monte un projet de réalisation cinématographique. Un documentaire sur les enfants de la rue au Congo intitulé : « La maison des frères ». Un coup d’essai, un coup de maître, « La maison des frères » est sélectionné au festival de Canne en France en 2007.

2008 a vu également la réalisation d’un autre documentaire sur « la pénurie d’eau à Brazzaville » présenté en 2009, au festival panafricain de Ouagadougou (FESPACO). Tout comme le journalisme, Nadège qui apprenait le cinéma sur le tas a constaté la nécessité de s’offrir une formation professionnelle en plus des ateliers auxquels elle participe en France. Ainsi des documentaires, elle s’essaie dans les sitcoms avec lesquels, elle fait le tour du Cameroun, de la Hollande, du Canada… Des sitcoms qui ont volé haut et qui ont séduit les responsables de la Télévision Canal France Internationale qui n’hésita pas à les acheter.

 

Faire le double pour convaincre


Nadège sait que dans un domaine réservé aux hommes, une femme qui s’y engage doit doublement travailler pour convaincre. Les débuts n’ont donc pas été les plus faciles. « Il fallait trouver des sujets originaux, défendre l’intérêt à les aborder et en être soi-même convaincue », dit-elle. En tout cas, Nadège n’a rien à envier aujourd’hui. Elle a aisément intégré le monde des cinéastes et mieux, son travail est apprécié et estimé à sa juste valeur par ses confrères. Demander à la jeune réalisatrice congolaise de ce qui fait la femme ; elle sourit et répond : « Les femmes occupent les places que les hommes leur réservent.

 

Alors pour changer de place, il faut travailler. Pour dire que l’on ne peut définir la femme. Elle est une généralité. Mais chaque femme est une ». Comme tout bon congolais, Nadège aime la danse, la musique et surtout les rêves. Elle dit être fière de son métier qui lui a permis de découvrir le monde avec toutes ses merveilles. Elle ne terminera pas l’entretien sans aborder la situation politique de son pays qu’elle trouve dramatique. A peine oublié le désastre qu’a causé l’explosion de la réserve d’armes qui a fait des milliers de victimes, le pays s’engouffre encore dans une crise dont seule la population, à son avis, détient la solution. « C’est maintenant que le peuple doit parler, ou qu’il se taise à jamais », a-t-elle argué.

 

Bassératou KINDO (beckyelsie@yahoo.fr)




12/09/2012
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