Tribune de femme

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Saran Sérémé et les élections couplées : Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Selon les résultats provisoires des scrutins couplés du 29 novembre 2015, la candidate Saran Sérémé /Séré n’a récolté que 1,81% des suffrages exprimés à la présidentielle. Et son parti, le PDC (Parti pour la démocratie et le changement) n’a pas obtenu le moindre siège à l’Assemblée nationale, faisant de l’Amazone du Sourou, comme on l’appelle, la plus grande perdante du scrutin selon des observateurs avisés.

Pourtant, la présidente du PDC était bien partie pour réaliser un bien meilleur score à ces élections. On ne l’attendait certainement pas en tête de peloton pour ce qui est de la présidentielle, en raison des forces en présence. Mais très peu de gens auraient parié sur un fiasco aux législatives. Zéro député ! Même pas elle-même, alors qu’elle était tête de liste nationale pour le compte de son parti.
Lorsque l’on jette un petit coup d’œil dans le rétroviseur, l’on se rend compte que « La belle Saran » a tout de même fait un parcours politiquement ascendant depuis 2012, après sa tonitruante démission de l’ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et la décision courageuse qui a conduit, la même année, à la création du parti dont elle est la présidente. On ne saurait passer sous silence le rôle de premier plan qu’elle a joué sur le front politique, et aux côtés du Chef de file de l’opposition, contre le projet de modification de l’article 37 de la Constitution.
A cela s’ajoute la mobilisation historique des femmes aux spatules le 27 octobre 2014 dont elle est l’une des initiatrices, et les péripéties de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Autant de faits qui auraient pu lui servir de tremplin pour atteindre les plus hautes marches de l’échelon politique. En plus, pendant la précampagne et sur le terrain des meetings de campagne électorale, Saran Sérémé n’a pas fait piètre prestation. Dans certaines localités telles que Bobo Dioulasso, Dédougou, et surtout dans son fief à Tougan, elle a réussi, à chacun de ses passages, à mobiliser autour d’elle une impressionnante foule de militants. Théoriquement donc, tout portait à croire qu’elle ferait bouger les lignes dans les localités citées. Que nenni ! Les résultats qu’elle obtient sont loin d’être à la hauteur du combat qu’elle mène dans l’opposition depuis 2012.
Qu’est-ce qui n’a donc pas marché pour cette brave dame qui, certainement, se lamente d’un tel fiasco à un moment où les heureux élus sont obligés de faire la cour à certains partis politiques qui ont obtenu des sièges à l’Assemblée nationale ?
La première réponse à cette question peut être que les milliers de femmes qui se trémoussaient autour de l’Amazone du Sourou lors des meetings, n’étaient là que pour le djandjoba. Elles n’étaient donc pas de vraies électrices, soit parce qu’elles ne sont pas inscrites sur les listes électorales, soit parce que, véritablement, elles n’ont pas confiance en la capacité de Saran à réellement contribuer à améliorer leurs conditions de vie comme promis lors des meetings. Désormais donc, et c’est une grande leçon, la présidente du PDG ne devrait plus se fier à la foule qui n’est que leurre en matière électorale.
La seconde grande explication tirer sa source dans la stratégie de campagne mise en œuvre par l’Amazone du Sourou.
Elle s’est en effet négativement illustrée tout au long de sa campagne par des retards au démarrage des meetings. Dans presque toutes les localités où elle est passée, Saran Sérémé a fait attendre ses militants pendant au moins deux heures avant de s’adresser à eux. Cela a pour conséquence de décourager ceux qui sont venus à l’heure et qui, généralement, sont les vrais militants. Le plus souvent, ceux-ci finissent par aller voir ailleurs…
Dans tous les cas, ce serait certainement impertinent de penser que Saran a échoué juste parce qu’elle est une femme et de tirer la conclusion selon laquelle la politique n’est pas l’affaire des femmes au Burkina Faso. Rien n’est d’avance perdu ni pour Saran, ni pour les autres femmes qui voudraient s’aventurer en politique. Il y a lieu de tirer les leçons de cet échec qui, de notre point de vue est un cas d’école, pour mieux conquérir l’électorat en tant que femme. Et c’est bien ce que Saran Sérémé et son staff politique doivent faire, au plus vite, pour relancer le Parti pour la démocratie et le changement qui doit jouer un meilleur rôle aux prochaines consultations électorales.

Bassératou KINDO



09/12/2015
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