Tribune de femme

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Fatoumata Loumé Diallo, Agent d’aide aux entreprises et journaliste à Montréal : « Une femme c’est l’amour à l’état pur »

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Le sourire toujours aux lèvres, elle ne sait que créer du bonheur autour d’elle. Vivant à Montréal depuis 8 ans, elle y était allée rejoindre son époux. Juriste de formation, elle a travaillé d’abord au Conseil supérieur de la communication. Aujourd’hui au Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec, elle collabore avec le journal en ligne : Burkina24. Il s’agit de Fatoumata Loumé Diallo que nous avons rencontrée via un confrère vivant au Québec.

Décliner votre identité à nos lecteurs ?

Je suis Fatoumata Loumé Diallo. Burkinabé et âgée de 39 ans, je vis depuis 2005 à Montréal au Québec avec mes 2 enfants.

Qui est-ce qui vous caractérise, autrement dit, quel genre de personnalité êtes-vous ?

C’est souvent difficile de se décrire soit même, mais du peu que je me connaisse, je pense que ce qui me caractérise le plus c’est la simplicité et l’ouverture d’esprit qui me permettent d’avoir un contact facile et d’être à l’aise dans n’importe quel milieu. Je suis aussi quelqu’un de persévérant, pour qui la famille et l’amitié sont les repères permanents. Pour le revers de la médaille, je suis parfois un peu passionnée sur les bords, souvent impatiente et naïve et enfin parfois pas assez prévoyante !

Pourquoi avoir immigré au Canada ? Quelle activité menez-vous là-bas ?

J’ai quitté le Burkina en juillet 2005 pour rejoindre, à l’époque mon époux qui résidait à Montréal. Comme on dit « qui prend mari prend pays ! ». Nous ne sommes plus mariés en ce moment, mais ç’a été la raison principale de mon départ du Burkina.
Bien qu’ayant une formation de juriste, je me retrouve ici dans la gestion des ressources humaines ! Depuis 2008 je travaille au Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec comme Agent d’aide aux entreprises. Concrètement, mon travail consiste à aider les entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines à travers les différents programmes mis en place par le gouvernement québécois pour le développement des compétences de la main d’œuvre. Je suis plus dans la gestion de la formation à travers un projet spécifique sur la francisation en entreprise. Je m’occupe donc des ententes de subvention entre Emploi Québec et les employeurs qui désirent améliorer le niveau de français de leurs employés, surtout immigrants, pour faciliter leur intégration et les rendre plus productifs et plus polyvalents au sein de l’entreprise.

Passionnée du journalisme, vous écrivez pour le journal en ligne Burkina24 depuis le Québec. Comment cette collaboration a-t-elle pu prendre corps ?

En fait, c’est une collaboration qui s’est faite au gré du destin ! J’ai toujours été fascinée par l’univers des médias et par l’actualité en général d’où qu’elle vienne ! Et je vais vous faire une confidence…il y a déjà 17 ans de ça, j’avais participé à une campagne de recrutement de la TNB qui voulait embaucher des pigistes ! Malheureusement, je n’ai pas été retenue et j’étais très déçue si bien que je n’en parle pas souvent !!! Par la suite le destin a voulu que je me retrouve au CSC comme juriste, mais de l’autre côté de la barrière, c’est-à-dire pas comme acteur des médias, mais plutôt comme acteur de la régulation. Mais cette expérience m’a permis de replonger dans l’univers des médias et de côtoyer les journalistes dans leur activité quotidienne. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’amertume que j’ai quitté ce milieu et avec beaucoup de nostalgie que j’en parle !

Pour revenir à Burkina24, c’est une idée qui est née au Canada de l’initiative de jeunes burkinabè qui résident ici et qui avaient à cœur de participer d’une façon ou d’une autre au développement de leur pays. Alors j’ai accepté d’embarquer dans leur extraordinaire aventure en assurant la correspondance pour le Canada. J’écris donc souvent et je fais de reportages vidéo liés à l’actualité du Burkina ou à des domaines pouvant intéresser la diaspora et les Burkinabè du pays. Étant donné que c’est un média d’information continue en ligne et que son originalité réside dans le fait qu’il est très présent dans les réseaux sociaux, nous arrivons à rejoindre un public quasiment mondial et c’est une porte ouverte fantastique sur le Burkina. C’est aussi un exemple d’entrepreneuriat émanant de la diaspora, mais dont les retombées sont directes pour le pays avec la création d’au moins 10 emplois au Burkina. En résumé, c’est une collaboration dont je suis très fière et j’en profite d’ailleurs pour remercier ceux qui ont permis qu’elle existe.

Quelles sont les difficultés pour une femme africaine dans une telle contrée ?

Les difficultés ici ne sont pas liées au statut spécifique de femme africaine parce que le Canada est reconnu dans le monde comme étant l’antre du féminisme et le pays où les droits des femmes sont les plus respectés ! Par contre, le simple statut de femme, comme dans tous les pays du monde, reste une contrainte sur le marché du travail parce que naturellement notre présence est plus nécessaire et notre responsabilité est plus grande dans l’éducation des enfants.

Les obstacles sont donc plus dans l’intégration du marché du travail, la reconnaissance des diplômes, l’adaptation à la culture professionnelle et bien sur l’adaptation au climat. Les hivers québécois étant reconnus pour leur rigueur ! Personnellement J’ai dû faire le deuil, en tout cas partiel, de ma carrière juridique pour m’adapter au gré des opportunités et saisir les occasions qui se présentaient pour pouvoir m’en sortir. Avant d’être fonctionnaire au Ministère de l’Emploi du Québec, j’ai été secrétaire réceptionniste dans un organisme communautaire, adjointe administrative dans une Chambre de commerce, agent de bureau au Ministère avant d’être agent d’aide aux entreprises. Il faut donc accepter souvent de faire quelques pas en arrière, tabler sur ses compétences générales, parfois se réorienter et surtout persévérer pour se faire une place et s’occuper dignement de sa famille. Mais malgré toutes ses difficultés le Canada reste, à mon avis, une des meilleures immigrations où une réelle intégration est possible sans distinction de genre.

Quel est le regard de la société canadienne sur les femmes du Burkina vivant
là-bas ?

Personnellement j’ai senti ici une certaine ouverture d’esprit, une curiosité et une sorte de solidarité de corps pour toutes les questions touchant à la condition des femmes dans le monde en général. Il est vrai que le Burkina n’est pas le pays le plus connu ici par les Canadiens et les Québécois et que beaucoup de clichés existent encore par rapport à la condition féminine en Afrique, mais chaque Burkinabé installé ici met un point d’honneur à rétablir les choses chaque fois qu’il en a l’occasion.

Qu’est-ce qui fait la femme selon vous ?

Une femme c’est l’amour à l’état pur ! Elle doit toujours être un repère et un refuge pour les gens qui l’entourent. Une femme c’est le réconfort, la beauté sous tous ses aspects et le courage d’assumer ses choix dans la dignité. Et par rapport aux hommes nous devons être complémentaires et non égales !

Interview réalisée par Bassératou KINDO



03/08/2016
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