Tribune de femme

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Vision Express sur… : Les préjugés dont sont victimes les Bobolaises

Il ne fait parfois pas bon d’être Bobolaise. Bobo, cette deuxième ville jadis économique du Burkina Faso semble être une localité à part entière. En effet, si ce ne sont pas les jeunes qui n’aiment pas travailler, ne sont pas dégourdis, ce sont les filles qui sont traitées de tous les noms d’oiseau. Toutes les images sombres et salissantes leur sont malheureusement collées. Voleuses et « croqueuses » de maris, championnes dans la dépigmentation, dans l’infidélité, matérialistes, friandes de sape, et bien d’autres maux et des mots encore. Une triste réalité, pourra-t-on dire. Ainsi donc, toutes les filles, pour peu qu’elles résident ou viennent de Bobo, cette image leur est collée, et peut-être même à jamais. Mais seul le temps donne toujours raison. Malgré tout, les uns et les autres, principalement les femmes, se méfient d’elles.

 

Sur une dizaine de personnes investiguées sur quelles appréciations font-elles des Bobolaises, plus de la moitié peint négativement le tableau. « Je garde un mauvais souvenir d’elles », déplore une femme d’une autre localité parce que dit-elle : « Lorsque mon époux a été affecté dans cette ville, j’avais très peur. Peur qu’on ne me le prenne. C’est pourtant ce qui a été fait. C’est une fille presqu’à terme que je suis venue trouver dans sa maison ». « Elles sont légères et paresseuses. Elles attendent toujours. Elles ne prennent aucune initiative personnelle », s’indigne un natif de Bobo vivant dans une autre ville.

 

De tels préjugés faits sur les Bobolaises ne font véritablement honneur à personne. Accusées ainsi à tort ou à raison, beaucoup d’entre elles n’arrivent plus à s’en sortir. Comme cette jeune fille bobolaise qui, lors d’une rencontre a subi les frais de ces préjugés. En effet, pour s’être faite coquette, elle a été critiquée de vouloir séduire les hommes venus d’autres localités du Burkina Faso. Certains n’hésitent pas à dire qu’on ne peut se tromper si une fille est de Bobo-Dioulasso ou pas. Il suffirait de l’observer un tant soit peu. « Elles sont toujours coquettes, séduisantes, attentionnées. Et prennent soin de tout, jusque dans les plus petits détails », supputent certains. D’autres avis sont plus sévères en ce sens qu’ils estiment que Bobo-Dioulasso est le bastion de la drague, de la prostitution. « Gare à toi, si tu salues une fille, elle te collera à jamais », soutiennent-ils.

 

L’on ne doute pas qu’il y a des brebis galeuses, mais force est cependant de reconnaître que toutes ne peuvent porter cette même casquette. De même, est-il logique de coller une aussi mauvaise image aux filles de Bobo ? Ces genres de comportements que certaines filles aiment à adopter ne sont véritablement pas propres à toutes les Bobolaises. Et beaucoup d’hommes peuvent l’attester. Il y a des Bobolaises travailleuses, ambitieuses et pleines de talents qui font la fierté de la ville jusqu’au delà de nos frontières. Il est donc temps de se départir de ces préjugés. Car comme le dit un réalisateur en langue moagha : « Bé yê ka yê ».

* « Bé yê ka yê » en français : Il y en a partout.

 

Bassératou KINDO (beckyelsie@yahoo.fr)




21/08/2012
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