Tribune de femme

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Eve Sanou : « J’entretenais de bonnes relations avec le président Thomas Sankara »

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Elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Belle femme métissée, Eve Sanou ne passe pas inaperçue. Toujours égale à elle-même, la présidente de la commission environnement et développement de la commune de Bobo Dioulasso, mariée et mère de deux enfants, a su bien garder sa culture de vraie femme bobo. Du haut de sa cinquantaine, la conseillère municipale de Sya nous parle de son parcours professionnel et politique.

C’est à l’école Sya qu’Eve Sanou entame ses études primaires. Elle se retrouvera ensuite à Banfora, plus précisément au collège Sainte Thérèse de 1969 à 1973 pour les études secondaires qu’elle poursuivra de 1973 à 1977 au collège Saint Jean Baptiste de Tounouma de Bobo Dioulasso. Ses études supérieures se dérouleront en France à l’Institut supérieur du tourisme et à l’Ecole de presse, de publicité et de relations publiques de Paris pendant 4 ans. Nantie d’un BTS touristique, elle obtiendra également deux diplômes canadiens. L’un, en gestion hôtelière et l’autre dans le domaine du conseil en agence de voyage.

Sa mère fut l’une des premières françaises à s’installer dans la ville de Bobo-Dioulasso en 1956. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de blancs et surtout dans un quartier atypique comme Dioulasso-bâ. " « Nous avons été le pôle de tous les regards à cause de notre teint, et de nos attitudes", nous raconte t-elle. Il faut noter que Lucette Toussaint, sa mère, bien que Française, a tenu à élever ses enfants selon les traditions et coutumes Bobo.

Tel père, telle fille

Eve Sanou est sur la scène politique depuis 1983. Sous la Révolution, elle fut l’une des premières femmes parmi d’autres (Mamou Ouédraogo, Mamou Libéré, Christiane Lamizana, Téné Kaboré, etc.) à s’impliquer dans l’organisation de la marche de soutien au régime de Thomas Sankara. C’est à l’issue de cette marche de soutien que Thomas Sankara a inclu les femmes dans les structures décisionnelles. Ainsi, quatre femmes (Aïcha Traoré, Rita Sawadogo, Béatrice Damiba et Eve Sanou) sont nommées Hauts-commissaires. Eve Sanou était Haut-commissaire du Sanguié.

Quelques années plus tard, elle reviendra à Bobo-Dioulasso pour s’occuper de Faso Tours, une compagnie de transport. En 1993 elle sera affectée à l’ambassade du Burkina Faso au Canada comme attachée culturelle jusqu’en 1997.

Eve pense avoir hérité de l’engagement politique. En effet, son père, Sitafa Sanou, fut l’un des premiers députés de l’opposition et ce, pendant 20 ans. Et elle estime qu’il était de son devoir de suivre les traces de son défunt père. Mais, cela n’explique pas tout. "C’est également une conviction totale qui m’a amenée dans le milieu politique avec pour objectif d’inciter les femmes à s’intéresser et à s’engager davantage dans la politique", martèle-t-elle. L’objectif semble être atteint car, poursuit-elle, « je vois bien que les femmes de Bobo-Dioulasso s’intéressent de plus en plus à la politique ».

Parente à plaisanterie de Sankara

En termes de difficultés, elle déplore le fait qu’ « en politique, la vérité ne se dit pas ». Une chose pourtant désagréable pour elle parce qu’elle ne peut pas se taire en face d’une situation qui n’est pas normale. « Je ne parle pas pour blesser quelqu’un, mais pour qu’on corrige les imperfections " signale-t-elle. Son idole reste son père. « A chaque fois que je m’engage à faire quelque chose, je le fais en son honneur ", lâche-t-elle, les larmes aux yeux.

Elle avoue avoir entretenu de bonnes relations de parenté à plaisanterie avec feu Thomas Sankara. Lui étant Peulh, et elle Bobo.
S’agissant de la situation de la femme burkinabè, elle trouve qu’elle a certes évolué, mais que beaucoup d’efforts restaient à faire. A son avis « Les 30 % de quota est un acquis, mais les femmes doivent le mériter ».

Son vœu le plus cher est de voir l’aéroport de Bobo devenir un vrai aéroport international, cela pouvant favoriser le développement de beaucoup de secteurs comme l’hôtellerie, le tourisme, le commerce... « C’est aussi l’un des vœux de mon père que je soumets au Président du Faso, Blaise Compaoré », nous confie-t-elle.

Bassératou KINDO



04/08/2016
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